Un mémorial a été inauguré lundi à Genève pour commémorer le génocide à l’occasion des 25 ans du drame.
mardi 9 avril 2019 Le courrier : Léo Ruffieux
Lundi à midi, un mémorial aux victimes du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda, en 1994 était dévoilé sur la place des Nations en présence des autorités de la Ville de Genève, de l’ambassade du Rwanda en Suisse et de l’association Ibuka Mémoire et Justice. Cette stèle a pu voir le jour grâce à l’initiative et l’engagement de ce collectif, de la diaspora Rwandaise de Suisse ainsi que leurs amis.
Parmi la bonne centaine de personnes rassemblées – en majorité des Rwandais –, plusieurs couronnes de fleurs essaimaient devant l’estrade, sur lesquelles figuraient sobrement «En mémoire des nôtres» ou encore «Never again». Le conseiller administratif Rémy Pagani a ouvert les discours: «Le génocide est le symbole de la folie meurtrière des hommes et de l’inaction coupable de la communauté internationale qui constitue une tâche indélébile dans les mémoires du monde.»
«Lutter contre la négation»
En préambule, Larissa, étudiante d’origine rwandaise, a entonné une chanson dédiée aux victimes, au puissant refrain: «And our footprints (et nos empreintes).» Car ce sont bien les concepts d’empreintes, de souvenir, et de transmission qui ont marqué les interventions des orateurs et imprégné le public. L’ambassadeur rwandais, François-Xavier Ngarambe, l’a rappelé: «Nous sommes ici pour nous souvenir, lutter activement contre la négation (…) qui est elle-même prélude à un nouveau cycle génocidaire.»
L’ambassadeur rwandais a ainsi prévenu contre les rouages pervers de la négation de génocide qui consiste à déshumaniser les victimes, inverser les responsabilités bourreaux-victimes, ou encore affirmer que deux peuples «sauvages» sont par essence irréconciliables depuis des siècles et donc voués au massacre mutuel. Dernier rouage que n’a pas manqué de souligner le représentant rwandais est le fait de procéder par minimisation ou dérision – à l’instar par exemple de l’ancien président français François Mitterand qui avait affirmé explicitement que «dans ces pays-là, un génocide ça n’est pas trop important».
Cette stèle contribuera donc à la mémoire d’une des pires tragédies du XXe siècle. Pour que, insiste François-Xavier Ngarambe, «nul ne nie, n’ignore, n’oublie, ne banalise, ne minimise» le génocide dans ce pays d’Afrique centrale d’au moins 800 000 Tutsis, hommes, femmes et enfants, perpétré en moins de cent jours par des miliciens hutus.